Nous insistons sur certains points qu'il faut adopter ou renforcer:
1. La formation continue des enseignants est la clé de l'innovation. Dans plusieurs cas, il s'agira d'un changement important au niveau des attitudes puisqu'il y a souvent des résistances lorsqu'il est question d'actualiser le rôle de l'enseignant. Son rôle conventionnel de formateurs et de transmetteurs de connaissances doit se transformer en un rôle d'accompagnateur dans l'acquisition de ces connaissances. Les enseignants doivent donc amener les élèves à s'adapter à la réalité de leur environnement et ils doivent savoir éveiller, outre la curiosité pour chercher et élargir leurs connaissances, une conscience critique et sélective face à la quantité d'informations auxquelles les apprenants seront soumis lors de leur utilisation des technologies.
À l'inverse, le fait de persister dans les pratiques actuelles remettra en question l'utilité des enseignants, puisqu'ils se sentiront déstabilisés par les connaissances et les informations que les élèves pourront acquérir étant donné que la plupart d'entre eux sont habitués à se servir des technologies à la maison. Pour que les professeurs possèdent les aptitudes nécessaires, il est important de les former en fonction de l'utilisation pédagogique des technologies, tant au niveau de leur formation initiale que de la formation continue. De plus, il serait pertinent de s'intéresser à l'expertise développée par les enseignants qui ont bâti des activités qui intègrent les technologies avec leurs élèves afin de connaître les échecs et les succès qu'ils ont connus.
2. Le renforcement des industries nationales ou régionales pour créer et éditer du matériel éducatif propre à chaque culture tout en tenant compte de la richesse de la diversité et en respectant les minorités. C'est là un point important étant donné que les processus de réforme éducative dans lesquels sont impliqués de nombreux pays ont été dénoncés puisqu'ils possèdent des patrons communs et portent atteinte à la diversité culturelle. L'effet de programmes éducatifs produits en série ou présidés par des valeurs régissant d'autres cultures peuvent générer des effets négatifs puisqu'ils introduisent des normes de conduite uniformes et étrangères aux cultures propres.
3. L'influence de l'utilisation des technologies sur le processus logique de raisonnement de l'enfant doit encore être analysée. Le rôle du professeur est de concilier l'information avec la maturité de l'élève et de s'assurer que l'ordinateur n'éloigne pas l'enfant du livre et de la lecure, dont le rôle est encore primordial.
4. L'introduction des technologies de l'information et de la communication doit tendre à réduire les inégalités. Les organismes internationaux de financement doivent centrer leurs efforts afin de fournir des outils aux écoles situées dans des pays ou des zones défavorisés afin de ne pas créer de nouvelles formes d'exclusion sociale et des problèmes d'analphabétisme. Il est toutefois probable que se produise ici la plus grande contradiction. Comment fournir ces outils alors que certaines écoles n'ont pas accès à l'électricité ? Nous prenons le risque de creuser encore plus le fossé qui existe entre les pays riches et les pays pauvres, entre les zones plus ou moins défavorisées.
5. L'école a des fonctions fondamentales de socialisation et de formation en plus de l'acquisition des savoirs dits essentiels. Ainsi, si l'ajout des technologies à la pédagogie permet l'acquisition de ces savoirs et de ces aptitudes de collaboration et d'entraide, avec l'accompagnement de l'enseignant, l'école demeurera capable de répondre aux besoins sociaux.
6. Au fur et à mesure que l'élève se rapproche de l'âge adulte, le rôle des technologies dans sa formation devient plus important et constitue un instrument magnifique d'éducation à distance qui, sans aucun doute, bouleverse les méthodes traditionnelles.
7. Un des rôles que devraient remplir les technologies serait de revenir à une éducation formelle ou non formelle des élèves exclus du système lorsqu'ils sont jeunes, pour différentes raisons. Pour eux, la plupart du temps, il existe peu de programmes qui sont adaptés à leurs besoins. Étant donné l'attrait qu'exercent les technologies sur les jeunes, elles pourraient constituer une opportunité supplémentaire si l'on parvient à marier l'enseignement présentiel et virtuel.
En dehors de l'école, les médias, et principalement la télévision, ont un rôle actif à titre d'agents éducatifs. Leur influence peut même devenir, dans certains cas, plus importante que celle exercée par la famille et par l'école. Cependant, les programmes qu'ils présentent ne sont pas toujours les meilleurs pour les enfants et les adolescents. Une fois de plus, nous nous retrouvons face à la transmission de contre-valeurs et de valeurs provenant d'autres cultures qui se heurtent à la formation que reçoit l'enfant à l'école, dans sa famille et dans son milieu. Dans ce domaine, le rôle de sélection revient principalement à la famille. Il faudrait donc essayer "d'éduquer" les médias, ne serait-ce qu'au niveau local, mais la tâche n'est guère facile si nous tenons compte de la transmission de l'information à l'échelle planétaire. Il faut aller de l'avant dans les conventions sur une "éthique des programmes" où les contenus et les valeurs transmises par les médias tendent, au moins, à être neutres, grâce à quoi on réduit l'influence des valeurs, des contre-cultures ou de la culture dominante.
